Visite des lieux et explications du projet avec Christian Kinnen, Directeur Général du Denim Center.
La création de cette usine, basée sur un ancien site de la marque Pimkie, constitue un investissement total de 3 millions d’euros, assumé par Fashion Cube et soutenu par les instances locales et régionales. Sa performance énergétique est assurée par une structure permettant de bénéficier d’inertie thermique, et l’ensemble des l’électricité utilisée dans l’éclairage et l’alimentation des machines est 100% renouvelable.
Au-delà d’un projet privé, l’usine est également un vecteur d'emploi et d’insertion pour la population locale. Les ouvriers et ouvrières travaillant à la production des jeans sont appelés les jeaneurs et les jeaneuses. Ce nom remplace l’appellation ouvrier, trop souvent dévalorisée dans l’opinion publique. Cependant, Christian Kinnen sensibilise les visiteurs sur ce point : ouvrier vient du mot œuvre, c’est celui ou celle qui réalise une œuvre. En témoigne l’appellation reconnue Meilleur ouvrier de France. Ensemble, ces hommes et ces femmes produisent 1000 jeans par jour.
De plus, l’atmosphère de travail qui plane dans l’usine est joyeuse, on sent par leur accueil chaleureux le plaisir et la fierté des jeaneurs et jeaneuses de mettre leur savoir-faire au service de ce projet. Leur intégration et leur formation s’est étalée sur plusieurs semaines et s’est appuyé notamment sur des exercices de créativité manuelle et d’intelligence collective. C’est à ce moment-là qu'ils ont d’ailleurs défini ensemble les règles de vie de l’usine, chacun pouvant faire valoir son opinion et ses besoins.
Qui dit réindustrialisation locale dit (re)monté en compétence. En effet, les savoir-faire délocalisés il y a quelques décennies afin d’optimiser les coûts de production sont aujourd’hui à réapprendre pour l’industrie française. De plus, l’expertise (re)développée par le Denim Center doit reposer sur un modèle économique pérenne. Ce défi ambitieux est notamment relevé par l’entreprise via l’automatisation d’une partie de la chaîne de production. En effet, l’assemblage d’un jeans demande 40 étapes et les machines, pilotées par les jeaneurs et jeaneuses, permettent d’atteindre les objectifs de rendement quotidiens. Un exemple ci-contre de l’une des opérations complexe pour l’Homme, mais exécutée en quelques secondes par la machine.
Le premier commanditaire de l’usine est la marque de prêt-à-porter masculin Jules, pour le futur modèle Cinq Neuf, vendu 59,59€, seulement 10€ plus cher que les jeans importés vendus actuellement par la marque. À ce prix, le Denim Center propose des produits à un prix bien inférieur aux prix du marché du made in France, sur lequel on trouve des jeans entre 90€ et 200€.
En effet, en plus de relocaliser la production, l’objectif du Denim Center est de proposer ses produits au plus grand nombre, et non de lancer une gamme de jeans de luxe. À l’instar du modèle fordien, l’usine veut produire des jeans que ses jeaneurs et jeaneuses aient les moyens d’acheter ensuite.
La production est d’abord destinée à approvisionner les marques du groupe Fashion Cube, notamment Grain de Malice et Bizzbee. Il s’ouvrira ensuite à d’autres marques extérieures au groupe, et pourra même ajouter d’autres produits à son catalogue, comme le sweat-shirt, le t-shirt ou encore le pantalon chino.
L’industrie du textile est la seconde industrie la plus polluante à l’échelle mondiale.
Le denim est le tissu le plus utilisé au monde et représente 35% de la production mondiale de coton, avec son lot de pesticides et de détérioration des sols. La culture du coton consomme également énormément d’eau. La production d’un seul jeans nécessite au total entre 7 000 et 10 000 litres d’eau.
De plus, un jeans peut parcourir jusqu’à 65 000 km de la production du coton à nos armoires, en passant par la filature du coton, sa teinte, la production du denim, l’assemblage du jeans et l’expédition des usines étrangères aux entrepôts de stockage, avant d’être redistribué en magasin.
Pour répondre à ces enjeux, le Cinq Neuf produit pour Jules est produit en toile 100 % recyclée, qui se compose de 81 % de coton recyclé, de 17 % de polyester recyclé et de 2 % d’élasthanne recyclé. Par l’utilisation de tissu recyclé en tunisie, les matériaux parcourent beaucoup moins de kilomètres. C’est évidemment le cas aussi de la distance qui sépare l’usine des points de vente finaux, étant donné que l’assemblage est français.
Concernant la consommation d’eau, le processus permet d’en utiliser 6 fois moins en remplaçant la ressource par un traitement à l’ozone et au laser pour délaver le jeans.
Quant au tissu turque, le Denim Center compte mettre en place des solutions de recyclage pour recréer de la matière à partir de vieux vêtements, et entrer dans une démarche circulaire. D’après Christian Kinnen, l’empreinte carbone d’un jeans produit dans son usine est déjà 10 fois inférieure à celle d’un jeans conventionnel.
Bien que les initiatives locales comme la plantation d’arbres et les ruches soient louables et symboliques, elles ne suffisent pas à couvrir l’impact réel des entreprises sur la biodiversité.
Le 23 octobre, le Circular Challenge organisé chez ADEO a mis en lumière les initiatives pionnières en faveur de l'économie circulaire. Cette compétition interne récompense ainsi les initiatives qui réinventent le cycle de vie des produits et réduisent l’impact environnemental du Groupe.